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Une vie sans la mort?

De l'antirouille, s.v.p.

L'organisme, en effet, est victime d'un processus d'oxydation identique à celui qui s'attaque à la ferraille. L'oxygène et les aliments que nous absorbons sont métabolisés par notre organisme pour produire de l'énergie, mais ce processus de transformation est imparfait : il laisse échapper une partie de l'oxygène absorbé. Les sous-produits créés par cette trans­formation sont appelés «radicaux libres» : ce sont des atomes ou des molécules d'oxygène qui possèdent un électron libre. En cherchant à s'amalgamer à d'autres molécules, ces électrons provoquent de nombreux dommages aux protéines, aux membranes cellulaires et à l'ADN. Avec le temps, ces dégradations s'accu­mulent et jouent un rôle dans l'apparition de maladies comme le cancer, les maladies cardiovasculaires ou la maladie d'Alzheimer.

Notre organisme, bien sûr, combat ces radicaux libres par des antioxydants produits par notre corps ou absorbés par l'alimentation. Mais il ne sert à rien de se gaver d'antioxydants : même s'ils sont bénéfiques, l'organisme les rejette à partir d'un seuil limite. Et malgré leurs effets nuisibles, les radicaux libres sont essentiels à notre corps : ils interviennent dans des mécanismes de défense qui éli­minent, notamment, les bactéries. «Sans les radicaux libres, explique le pro­fesseur Tamàs Fülöp, la vie ne serait pas pos­sible.» Encore une arme à deux tranchants!

Vivre à tout prix?

Même si le mystère du vieillissement semble enveloppé d'un épais brouillard pour encore longtemps, la plupart des spécialistes s'entendent pour dire qu'une alimentation variée et équilibrée, et l'activité physique et sociale sont, pour l'instant, les seuls moyens praticables de vivre le plus longtemps possible et, surtout, d'éviter la maladie. C'est d'ailleurs le véritable objectif des recherches dans le domaine : améliorer la qualité de vie des personnes âgées plutôt que de prolonger leur existence, même si c'en est parfois une conséquence. Sœur Gratia Potvin, elle, applique la recette depuis longtemps. «J'ai enseigné les arts à l'école primaire pendant 75 ans, et je donne toujours des cours de violon à des adultes.» Rien ne semble l'arrêter : elle a même obtenu un diplôme de maîtrise en théologie de l'UdeS à 92 ans!

Néanmoins, à quoi ressemblerait une société où l'espérance de vie serait deux, trois, quatre fois plus grande qu'aujourd'hui? Quel serait l'impact sur la famille, l'économie, les institutions sociales, les ressources naturelles? Les individus seraient-ils, eux aussi, prêts pour un tel changement? Comme le dit sœur Potvin : «Je ne suis pas contre l'idée de prolonger la vie, mais il faudrait que les gens soient préparés spirituellement.» Elle ajoute : «Le bonheur existe sur la Terre, mais à condition d'avoir le cœur droit.» Une philosophie de vie qui a fait ses preuves dans son cas.